Quel temps fera-t-il ? La nature comme baromètre

Les anciens ont fait et transmis de nombreuses observations sur l’influence du temps sur le comportement des animaux. Elles visaient avant tout à organiser l’élevage et les travaux des champs. À notre tour, servons-nous de ce savoir pour faire nos précisions météo.

Le citadin s’amuse et s’émerveille d’entendre le campagnard annoncer le temps du lendemain sur un ton plein d’assurance. Le plus fort, c’est que neuf fois sur dix, il ne se trompe pas ! Comment le sait-il ? Par sa fréquentation quotidienne de la nature et grâce aux connaissances que lui ont transmises les anciens.

Prévoir, une nécessité

Connaître le temps qu’il fera constitue une nécessité vitale pour les agriculteurs et les éleveurs. Sur la durée, la prévision d’un été trop sec ou d’un hiver qui s’éternise permet de s’organiser en conséquence. On sait que s’il ne pleut pas assez au printemps, ou si la neige dure très avant dans l’année, il faudra rentrer un supplément de fourrage pour nourrir les ruminants privés d’herbe, ou les mener plus en altitude. Car une bête insuffisamment nourrie donne peu de lait.

Si une sécheresse estivale s’annonce, il faudra installer un système d’irrigation dans les cultures ; peut-être forer un puits supplémentaire si le terrain le permet. Il faudra arroser les fruitiers, même anciens, dont les racines n’arriveront plus assez profond pour qu’ils s’abreuvent eux-mêmes.

On sait aussi que les légumes qui demandent beaucoup d’eau pousseront avec difficulté, peu abondants et chétifs ; que même les peu exigeantes tomates auront besoin de soins réguliers pour devenir charnues et juteuses.

Or, de l’abondance de la récolte, dépendent les revenus et les possibilités d’investissement. Si le printemps tarde, il faudra différer les semis, et le calendrier des travaux s’en trouvera décalé d’autant. Et gare au gel après une floraison précoce, qui massacre littéralement les plantes déjà bien avancées.

Des capacités sensorielles singulières

Pour prévoir le temps qu’il fera, il faut essayer de décrypter les indices que livre la nature? Ce savoir est bien sûr basé sur l’observation du ciel ; de la forme, de la densité, de la couleur des nuages, de l’aspect du coucher et du lever dus soleil, de celui de la lune. Mais aussi sur celle du comportement des animaux, domestiques ou sauvages.

Eux sentent, plus à l’avance et plus intensément que les humains, les changements climatiques du fait de la capacité sensorielle propre à chaque espèce. Qu’ils manifestent leur inquiétude ou leur désagrément, ou qu’ils réagissent à la situation pour se mettre à l’abri, ils changent de comportement. On appelle cela l’instinct. Peut-être étions-nous jadis mieux pourvus de cette faculté. En tout cas, les personnes proches de la nature restent à l’écoute de ses transformations.

L’orage menace

L’arrivée de l’orage est le phénomène le plus aisé à observer – sur nous-mêmes déjà, d’ailleurs. Lourdeur, moiteur de l’air : en effet, l’eau s’évapore du sol surchauffé, nous sommes enfermés dans une immense bulle d’aire chaud et humide, qui peu à peu s’élève.

Les variations de température, d’humidité et de pression atmosphérique influent énormément sur les organismes humain et animal ; et ce jusqu’à ce que l’orage éclate enfin. Il y a de l’électricité dans l’air, dit-on. Et çà n’est pas une image ! Les cumulo-nimbus, les nuages d’orage, se chargent d’électricité, positive en haut, négative en bas.

L’ambiance est à l’énervement. Les insectes, mouches et taons en tête, passent à l’attaque? Non seulement ils harcèlent, mais encore, ils piquent! Les oiseaux volent bas : pas fous, ils évitent les cumulo-nimbus prêts d’éclater. On voit ainsi les martinets aux ailes toujours tendues frôler les fenêtres, en poussant des cris aigus, tournant inlassablement, car leurs pattes sont si petites que les pauvres bêtes ne peuvent pas se poser?

Dans la basse-cour, les poules se roulent par terre ; les canards nagent frénétiquement. Les chèvres se bagarrent pour un rien, ces sympathiques dames exprimant à coups de cornes entres congénères leurs contrariété, que celle-ci soit provoquée par l’orage ou par la canicule.

Les vaches au pré se regroupent et se serrent les unes contre les autres, en prenant la sage précaution d’éviter l’abri des arbres. Les poissons d’eau douce, eux, font des bonds hors de l’eau.

À défaut d’animaux de ferme ou sauvages, on peut observer le chien, particulièrement sensible à ce bouleversement atmosphérique. Il tourne et vire, se levant d’ici pour aller se coucher là, dans le vain espoir de calmer son inquiétude. S’il a connu la foudre, impossible de le faire sortir ; même l’animal le plus obéissant tiendra tête à son maître.

On peut affirmer que l’orage est passé quand on voit les animaux sortir des bois. Ils s’étaient mis à l’abri, ils vont à présent s’ébrouer et se sécher. Si on n’avait peut-être pas noté le silence, on remarque que les oiseaux se remettent à chanter.

Cela sent la pluie

Plus raisonnables que nous, les animaux apprécient la pluie. Aucun signe de panique quand elle s’annonce? La plupart ne s’abritent qu’en cas de fortes précipitation ou de grêle. Les plus contents sont sans conteste les batraciens ou les escargots, qui sortent avant les premières gouttes pour ne rien perdre de l’aubaine ; si l’on veut en profiter pour observer ces animaux discrets, on peut attendre la fin de l’averse, car ils ne retourneront pas de suite dans leurs abris.

Les poules retardent l’heure de leur coucher. Le coq chante plus que coutume. Les vaches se couchent. Les brebis bêlent en levant la tête. Les pigeons se perchent, les pintades aussi. Et si c’est la huppe qu’on entend chanter le soir, la pluie viendra le matin suivant ; ou du moins, on peut s’attendre à ce que le vent vienne de la mer.

Le comportement de l’araignée nous renseigne aussi très utilement. En cas de prévision de pluie ou de vent, elle raccourcit les fils auxquels est suspendue sa toile. Elle se terre dans son trou. Dès qu’elle en sort et se remet au travail, s’il pleut toujours, le retour au « beau » ne tardera guère.

Voilà le vent

Logiquement, il faut lever les yeux vers le ciel pour voir des signes annonciateurs de vent. Les oiseaux migrateurs volent en groupe. Donc, si on en repère un isolé, c’est qu’un vent fort l’a poussé, qui devrait souffler sous peu là où on se trouve. Les pigeons claquent des ailes. Les oiseaux marins se réfugient sur la côte, avec force cris concernant les mouettes.

Dans la mer, cela s’agite aussi. Les mouettes et les baleines sautent ; et plus hauts sont leurs bonds, plus la tempête fera rage. Cette menace excite même les requins, qui deviennent particulièrement féroces.

Plus facile à observer pour le commun des mortels : le comportement d’une sangsue dans un bocal d’eau remplie aux trois quarts, dispositif qui fait office de baromètre naturel. Cette charmante bestiole s’agite lorsque vent et tempête arrivent ; si elle remonte à la surface, il faut sortir les parapluies; si elle se tient sagement au fond du bocal, temps au beau fixe.

Gel ou douceur ?

Quand on voit des animaux qui hibernent s’agiter, l’hiver n’est plus loin. Chacun remplit son garde-manger. mais l’hiver sera-t-il rude ou doux ? On s’en fera une idée en observant les préparatifs des fourmis : si elles font de gros tas, on peut parier sur de grands froids. Cependant, si l’on entend à la fin de l’automne la chouette effraie chanter le soir, il ne gèlera pas durant la nuit.

Une pie se réfugie près des habitations ? On peut craindre de la neige. Surtout si les veaux s’agitent. L’approche de la neige rend en effet ces jeunes tout fous ; ils bondissent comme des enfants dissipés. savoir si l’hiver durera encore longtemps est plus facile en zone montagneuse. Les animaux d’altitude, chamois, bouquetins et chats sauvages, se trouvent alors contraints de s’aventure plus bas, en quête de nourriture.

Le printemps revient

Signe infaillible du vrai retour du printemps : les marmottes sont réveillées. Dans les jardins, on voit se former des petits amas de terre : les taupes remontent à la surface, gare aux racines des fleurs et plantes printanières !

Les papillons refont leur apparition. On croise des grenouilles et crapauds, en route vers leur mare natale, où ils vont pondre leurs œufs. les migrateurs reviennent, coucou en tête.

Et un beau jour, on entend les grillons chanter. Vers le mois de juin, ils creuseront leurs galeries dans les champs non cultivés, et nous donneront des informations sur la météo estivale. S’ils les creusent en profondeur à la verticale, ils ne craignent pas l’inondation, l’été sera donc sec ; à l’horizontale, l’été sera pluvieux.

Canicule en vue ?

Quand les cigales se mettent à chanter, l’été s’est définitivement installé. Elles commencent dès le matin, mais à condition d’avoir du soleil ; si elles restent coites, la journée sera couverte.

En revanche, si les buses planent, que les alouettes grisollent, que le coq chante à midi, et qu’il y a abondance de chauve-souris à la nuit tombée, beau temps assuré.

Pour savoir ce que montrera le mercure, tournons-nous de nouveau vers les fourmis. Elles montrent une grande sensibilité à la température ; plus elles courent, plus il risque de faire chaud. Plus, donc, ce sera justement le moment de ne pas les imiter !

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