Les papillons, des animaux menacés par la pollution

D’après les études sur des fossiles, les plus primitifs des papillons vivaient il y a 140 millions d’année, ce qui fait d’eux des contemporains des dinosaures. Ceux que nous admirons aujourd’hui firent leur apparition avec les premiers humains.

Les papillons appartiennent au groupe des Lépidoptères. le nom vient du grec et signifie « aile en écaille ». Les écailles recouvrant leur thorax et leurs ailes sont un de leurs traits caractéristiques. On peut les reconnaître aussi par leur trompe en spirale enroulable, unique parmi les insectes et bien pratique pour se nourrir et, pour certains, par leurs pattes antérieures réduites.

On répartit les quelques 150 000 espèces de papillons en deux sous-ordres : les rhopalocères aux couleurs vives, aux antennes terminées par une massue, aux ailes antérieures et postérieures non solidaires en vol qui se replient à la verticale au repos et les hétérocères, aux couleurs plus ternes, aux antennes souvent en plumes, aux ailes solidaires en vol qui restent à l’horizontale au repos.

Communément, la division donne les papillons de jour et les papillons de nuit – dénomination d’ailleurs trompeuse, puisque certains parmi les seconds peuvent aussi s’ébattre en plein jour. C’est parmi les nocturnes, les plus nombreux, qu’on trouve des espèces nuisibles s’attaquant aux cultures, au bétail, ou encore aux vêtements (les mites).

Toutes les espèces suivent un développement en quatre phases. Toutes partagent une même anatomie : une tête portant deux antennes – organe de l’odorat – et deux gros yeux sensibles aux couleurs comme aux mouvements, un thorax en trois segments à la musculature puissante auquel s’attachent trois paires de pattes et deux paires d’ailes, un abdomen contenant les systèmes digestif et reproducteur.

Inégaux dans la longévité

Presque toutes les espèces se nourrissent en aspirant le nectar des fleurs et l’eau avec leur trompe. Les autres, plutôt des nocturnes, ne se nourrissent pas du tout, car elles ne vivent pas assez longtemps pour épuiser les réserves accumulées au temps où elles étaient chenilles. C’est le cas, par exemple du bombyx disparate, dont la vorace chenille défolie par contre à tour de mandibules durant deux mois.

Une grande inégalité existe entre les papillons : leur durée de vie varie énormément selon les espèces. Ceux qui hibernent à l’état d’œuf, de chenille ou de chrysalide, subsistent généralement de trois à cinq semaine à l’état adulte d’imago. Ceux qui hibernent adultes prolongent leur existence jusqu’à plusieurs mois.

Certaines espèces migrent. Mais, contrairement aux oiseaux qui fuient la mauvaise saison vers le Sud, la plupart des papillons migrateurs partent vers le Nord au printemps, à la recherche de lieux de ponte tempérés, où ils ne pourront survivre en hiver, et d’où ils ne reviendront jamais, à l’exception de quelques-uns comme le monarque.

Sous le soleil exactement

Quoiqu’il en soit, et où que ce soit, c’est à la belle saison que les papillons de jour nous gratifient de leurs vols multicolores. Animaux à sang-froid, leur température intérieure dépend de la température extérieure. Si elle est trop basse, ils se trouvent dans l’incapacité de voler ; d’où leur prédilection pour les lieux ensoleillés. Pour rencontrer des rhopalocères, les balades estivales, en terrain découvert, au grand soleil de l’après-midi, restent l’idéal.

Avec un peu de chance, on surprendra leurs charmants ébats amoureux. Le jeu de séduction, appelé « pariade », se déroule en vol et donne lieu à des danses. Le mâle, ou chez certains nocturnes, la femelle, émet des substances odorantes appelées « phéromones ». Lorsque les partenaires se sont trouvés, ils se posent pour s’accoupler, ce qui les immobilise de vingt minutes à plusieurs heures. Après quoi, monsieur part en quête d’un nouvel amour, tandis que madame va déposer ses œufs sur une plante… avant de l’imiter ! Les papillons pondent donc avec frénésie, jusqu’à plus de 1000 œufs dans la saison.

Amis du jour

Les diurnes de nos régions affectionnent bien sûr les lieux fleuris en abondance : prés, orées des bois, garrigues, bords d’eau… En dépit de la menace que les modifications de l’environnement font peser sur elles, de très nombreuses espèces subsistent :

  • Les Argus forment une famille illustre dont on rencontre les membres jusqu’à 2000 mètres d’altitude, et dont l’envergure approche les 3 cm, de beaux bleus, comme l’argus bleu qui tire sur le mauve, l’argus à bande noire, l’argus bleu nacré, le bel-argus tacheté… et l’orangé flamboyant, argus satiné.
  • Le citron mâle arbore une couleur tout aussi reconnaissable, jaune vif avec une tache brune sur chaque aile. Tandis que la femelle présente un blanc verdâtre avec une tache orange sur chaque aile.
  • Un jaune plus soutenu, tirant sur l’orangé, agrémenté de taches ou rayures noires, se rencontre chez plusieurs espèces. du plus clair au plus foncé : le fadet des garrigues, le grand et moyen nacrés, la petite tortue, l’amaryllis, le nacré de la ronce, le bronzé, le Robert-le-diable…
  • Les deux apollon, le grand et le petit ( de 6 à 8,5 cm d’envergure), blancs tachetés de noir, préfèrent les prairies d’altitude. Ils ne fréquentent pourtant pas les hauts sommets des neiges éternelles qu’affectionne la piéride blanche, aux ailes beige très clair ourlées de brun.
  • Parmi les hétérocères qui s’ébattent en plein jour, on rencontrera, en Europe, le sphinx oiseau-mouche, au thorax épais et aux ailes modestes, d’un brun clair illuminé par l’orange de ses ailes postérieures, qui vole même en hiver par beau temps, les agaristides, très vivement colorés, souvent de noir et d’orange, les zygènes, petites, aux riches et variables ornementations dans les rouges sur les ailes, le sphinx du pissenlit, amateur de chaleur, noir rayé de jaune au thorax, tacheté de blanc sur les ailes…

Amis de la nuit

Les « vrais » hétérocères, eux, entrent en activité à la tombée ou au milieu de la nuit. Ils préfèrent, comme les cousins du jour, la chaleur à la froidure. On les verra les nuits d’été, par un beau clair de lune, butiner les fleurs ; ou encore, s’approcher des fenêtres très éclairées.

  • Le grand paon de nuit, dit aussi « Empereur », est le plus grand papillon d’Europe avec 10 à 13 cm d’envergure. Il affectionne les vergers. Ses ailes gris brun ourlées de blanc portent de grands « yeux » destinés à inquiéter les prédateurs. De même que le petit paon de nuit (5 à 8 cm) qui, comble de raffinement, a des « yeux » bleus.
  • Le sphinx tête-de-mort, brun et mordoré, au gros corps poilu, porte le dessin d’un crâne sur son thorax. Le miel des ruches l’attire plus particulièrement. Le sphinx du tilleul, brun rosé avec deux grandes taches vert foncé sur les ailes antérieures, s’aventure jusqu’en ville pour déguster les feuilles de son arbres préféré.
  • Le bombyx bucéphale se laisse difficilement découvrir au repos, tant il ressemble alors à une branche cassée. Mais on rencontrera aisément des noctuelles, abondantes dans nos contrées : la petite et simple noctuelle à museau brun clair ; ou l’élégante noctuelle du frêne, dont les ornementations nettement différentes sur les ailes antérieures et postérieures s’harmonisent à merveille.

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