Les lézards, ces amoureux du soleil

Parmi les reptiles, le lézard partage avec la tortue la sympathie générale. On le croise souvent dans l’environnement humain, pour peu qu’il y fasse chaud. Mais son agilité et sa rapidité nuisent à son observation !

En tant que reptile, le lézard a l’honneur d’appartenir aux premiers vertébrés, apparus il y a plus de 300 millions d’années. Alors maîtres de la planète, ceux-ci évoluaient sur la terre ferme, dans les airs ou dans les mers. L’ancêtre de notre lézard était amphibien, animal indifféremment terrestre ou aquatique.

Les reptiles les plus nombreux

Cette donnée éclaircit le mystère de sa longue queue, qui nous semble si encombrante : il l’utilisait initialement pour se propulser dans l’eau. Aujourd’hui, à l’exception de l’iguane marin des Galapagos, tous les lézards sont terrestres.

Dans l’ordre des squamates, ils représentent le sous-ordre des sauriens, le plus important en nombre parmi les reptiles : on compte quelques 3000 espèces sur la planète. En France, on en rencontre une vingtaine, répartie en quatre genres : anguidés (l’orvet), geckonidés (les geckos), scincidés (le seps strié) et lacertidés, de loin les plus courants (lézards vert, des murailles, ocellé,etc.).

Des atouts non négligeables

Généralement, les lézards sont munis de quatre pattes terminées par des griffes, qui leur assurent une remarquable agilité. Mais certains n’en possèdent que deux, ou pas du tout. Si les exotiques varans atteignent ou dépassent les 2 m, les « nôtres » plafonnant dans leur majorité à une vingtaine de centimètres. Leur corps tout en longueur porte des écailles, avec parfois des tubercules et/ou des épines. Leur peau ne se régénérant pas continuellement comme celles des mammifères, ils s’en débarrassent au fil de leur croissance. Mais, contrairement aux serpents, qui muent d’un seul morceau, elle se détache par plaques, du « tronc » vers les extrémités, au cours d’un processus assez long.

Ces sympathiques et vifs animaux détiennent deux gros points forts : l’autonomie de leur queue et l’adaptation de leur couleur à leur environnement. Seuls les caméléons peuvent modifier celle-ci. Mais la nature a pourvu les lézards des forêts d’une teinte verte, et ceux des pierres d’une teinte brune.

Atout supplémentaire : ils jouissent d’une excellente vue, pouvant distinguer les couleurs. Ils perçoivent la lumière même les yeux fermés, leur paupière inférieure étant recouverte d’écailles transparentes. S’ils n’ont pas de pavillons externes, et s’ils n’utilisent guère leur ouïe, ils ne sont pas sourds. Leurs narines ne leur servent qu’à respirer. Ils perçoivent les odeurs par la langue, comme les serpents.

Une vie de sybarite

Ne pouvant contrôler leur température interne, les lézards ont, non pas le sang « froid », mais le sang à la température ambiante. Ils préfèrent donc les régions chaudes, au moins tempérées, où ils peuvent se prélasser au soleil dès qu’arrivent les beaux jours. Quand le thermomètre descend trop, ils hibernent, jusqu’à fin avril, vivant sur les réserves de graisse emmagasinées dans leur queue.

Ces chasseurs diurnes pour la plupart, dotés d’un solide appétit, jettent leur dévolu sur des invertébrés – insectes, araignées, vers, gastéropodes..-, des œufs d’oiseaux ou d’autres reptiles quand leur taille le permet, et, parfois les fruits. Pour ingurgiter leurs repas, ils disposent de dents nombreuses, mais non enracinées, qui se renouvellent en permanence.

Ils atteignent leur maturité sexuelle vers l’âge de deux ans. Bien que les mâles disposent de deux pénis, l’accouplement, qui se déroule au printemps, reste fort bref. La plupart des lézards sont ovipares : ils pondent des œufs, et l’incubation et le développement des embryons se font à l’extérieur du corps. Quelques-uns sont ovovivipares : les œufs éclosent à l’intérieur de la femelle, qui donnent naissance à des petits formés. Dans un cas comme dans l’autre, ils font preuve d’une belle prolificité, pouvant produire jusqu’à une vingtaine de bébés d’un seul coup !

Amateurs de nuits chaudes

Les geckos présentent d’autres particularités encore. Alors que leurs cousins lacertidés sont muets, ils émettent un cri discret qui leur sert aussi bien à la défense de leur territoire qu’aux parades amoureuses. Des lamelles ou des disques adhésifs, garnis de milliers de poils microscopiques, tapissent l’intérieur de leurs pattes. Résultat : ils progressent aisément sur des surfaces perpendiculaires, grâce à l’électrostatique.

Cela leur ouvre bien des possibilités en matière d’habitat. Ils escaladent les arbres comme les murs. Le jour, ils se terrent dans leur refuge. Ils en sortent la nuit, pour chasser, s’éloignant rarement de plus de 3 à 4 m. Malins, ils mettent à profit les éclairages pour attraper leurs proies attirées par la lumière. Ils ne craignent donc aucunement la proximité des humains, bien au contraire. C’est d’ailleurs leurs habitudes de traîner dans les ports et d’explorer les caisses de végétaux, qui, parfois, les conduisent à coloniser de nouveaux territoires vers lesquels ils ont été exportés involontairement.

Pour les rencontrer, deux conditions s’imposent : se promener de nuit, et en zone méditerranéenne, jusqu’à 1000 m d’altitude, quoiqu’ils préfèrent la plaine. Si vous remplissez ces conditions, vous pourrez croiser trois espèces… La tarente de Mauritanie, dite aussi « commune », la plus grande (15 cm) porteuse de tubercules épineux, arbore une coloration jaunâtre. Nocturne comme tous les geckos, elle ne déteste pourtant pas s’exposer au soleil matinal.Le gecko verruqueux dit aussi « turc », plus petit (10 à 12 cm) et de couleur gris rosé ou violacé, sort très rarement de jour. Il se réfugie volontiers sous des planches.

Le petit phyllodactyle d’Europe (7 cm), quant à lui, fréquent en France exclusivement la Corse et les îlots proches des côtes méditerranéennes. Contrairement aux précédents, qui s’installent commodément près des habitations, il préfère les milieux sauvages, en particulier les massifs rocheux, où sa petite taille et sa couleur beige-jaune le rendent difficile à repérer.

Fervents du soleil

On rencontre plus aisément des lacertidés d’une part parce qu’ils mènent une activité diurne, d’autre part parce qu’ils sont plus nombreux et occupent un territoire plus vaste. Dès les beaux jours, nous les voyons crapahuter sur les murs, jusque dans les jardins – pourvu qu’il n’y ait pas trop de chats, leur ennemi n° 1 en zones habitées, qui s’entêtent à les croquer bien que cela les incommode.

Le lézard des murailles, par exemple, est fort commun aux Pays-Bas, où il recherche néanmoins les régions sèches. Brun ou gris avec des marques noires, long d’une vingtaine de centimètres, ce grimpeur se rapproche souvent des habitations.

Le lézard des souches, plus trapu, tout aussi répandu, se montre plus sauvage. Il s’adapte à tout milieu du moment qu’il y trouve ce qu’il aime par-dessus tout : soleil et sécheresse. Le mâle en livrée nuptiale arbore une coloration vert vif sur les flancs et la tête.

Plus nordique encore, puisqu’il s’aventure jusqu’en Finlande, le lézard vivipare est, comme son nom l’indique imparfaitement ovovivipare. Appréciant les zones humides, son exigence modeste en chaleur lui permet de sortir de son hibernation dès le mois de mars. Il ne mesure que 11 à 14 cm. Il possède des pattes courtes, une petite tête et un large cou. Sa coloration généralement brune présente des marques jaunes et noires ou brun plus foncé. Il se montre particulièrement casanier, ne se déplaçant guère au-delà de 200 m. Il lui prend parfois la fantaisie de migrer en empruntant les voies ferrées désaffectées !

Le lézard vert préfère les régions plus chaudes. Sa taille peut atteindre jusqu’à 40 cm. C’est plutôt le mâle qui justifie son nom : d’un vert vif ponctué de minuscules taches blanches et noires, sur le dos, il a le ventre jaune et la gorge bleue en période de noces? Chez la femelle, le brun ternit cette lumineuse alliance de couleurs. Il aime la végétation buissonnante, les talus en bordure de forêt, les carrières, et s’expose au soleil de préférence le matin, quand la chaleur n’est pas encore trop accablante.

Le lézard ocellé adopte en été la même politique. Ce méridional a de quoi surprendre ceux qui le croisent : mesurant 40 à 60 cm, il peut atteindre jusqu’à 90 cm dans les Pyrénées Orientales. Cela fait de lui le plus grand lézard d’Europe. Comme pour le lézard vert, il faudra pour le rencontrer s’éloigner des zones habitées.

Randonneurs, si vous observez ces animaux magnifiques, il n’y a qu’une seule attitude à adopter, s’asseoir et attendre en silence leur apparition.

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