La Vanoise: un véritable paradis alpin

Aux portes de l’Italie, ce haut massif savoyard est le plus ancien et l’un des plus fréquentés des parcs nationaux français : un espace naturel préservé, à plus de 3 000 mètres, fait de roches et d’eau, de glaciers géants et de grands alpages, riche d’une flore et d’une faune exceptionnelles.

C’est au bouquetin que nous devons la création, en France, des parcs nationaux. Alors qu’en Italie le roi s’alarme dès le XIXe siècle de la raréfaction de l’espèce et institue une réserve qui deviendra en 1922 le parc national du Grand Paradis (Gran Paradisio), côté français, l’idée, née dans les années 1930, piétine. Il faudra attendre 1963 pour que naisse le tout premier Parc, celui de la Vanoise.

Le plus grand parc national d’Europe

Le Parc couvre environ 200 000 ha entre les vallées de la Maurienne et de la Tarentaise, en Savoie. Pour assurer à la fois la sauvegarde écologique et le développement économique du territoire, il se compose de deux zones, l’une centrale, l’autre périphérique. En parcourant cette dernière, qui englobe 28 communes et des domaines skiables suréquipés tels que Tignes, Val d’Isère ou Val Thorens, on peine à croire qu’ils appartiennent à la sauvage Vanoise.

La zone centrale en revanche, inhabitée, strictement réglementée sur le plan agricole et à l’abri d’aménagements intempestifs, correspond au massif de la Vanoise proprement dit : 53 000 ha de sommets dont plus de  100 dépassent les 3 000 mètres, autour de l’immense glacier éponyme, de la Grande Casse (3 855 m), point culminant de la Savoie, et du Col de la Vanoise, passage pratiqué depuis des millénaires entre Pralognan, en Tarentaise, et Termignon en Maurienne.

Touchant au nord-est à son alter ego italien du Gran Paradisio, il lui a été jumelé pour former, sur 125 000 ha, le plus vaste espace protégé d’Europe occidentale.

Un territoire boréal

La marche étant le seul moyen de transport autorisé en Vanoise, 600 km de sentiers et une quarantaine de refuges y sont à la disposition des randonneurs. en lisière de la zone protégée plusieurs structures permettent d’initier les visiteurs à ses multiples biotopes.

Le Parc est une mosaïque complexe de roches d’origine marine, où s’étagent, de 1 280 à 3 855 mètres, différents types de végétation. Jusqu’à 2 000 mètres, quelques forêts de mélèzes, pins à crochet et pins cembro voisinent avec des landes de rhododendrons, de genévriers et d’aulnes verts, nommés ici arcosses.

De 2 000 à 3 000 mètres, en dessous des immenses glaciers, prospèrent les pelouse alpines, qui saluent la fonte des glaces par une incroyable explosion de fleurs, tandis qu’au fond des combles à neige, cuvettes ombreuses où les névés s’attardent, résistent la soldanelle aux clochettes roses et le saule herbacé, un arbre nain de seulement 2 cm.

C’est là qu’après les dernières glaciations, plusieurs espèces dites « boréales » on trouvé refuge, comme le lièvre variable, ou encore le lagopède, cousin de la perdrix.

Succès et déboires

Hormis bouquetins, chamois et marmottes, la Vanoise s’honore de préserver une faune et une flore très riches. Parmi ses fiertés, figure le retour du gypaète barbu, charognard éliminé au XIXe siècle, qui recolonise doucement les abords du Parc et rejoint dans les airs l’impressionnant aigle royal.

Le cas du tétras-lyre, petit coq de bruyère célèbre pour ses exubérantes parades nuptiales, inquiète davantage. Il reste l’une des dernières victimes de l’industrie touristique.

De fait, tandis que dans le secteur réservé on s’applique à réduire l’impact écologique des refuges, la gestion concertée des espaces voisins s’avère plus délicate.

Les cinq réserves naturelles créées avec les communes, notamment, sont de fréquentes pommes de discorde? Témoins, l’installation de canons à neige sur la Grande Sassière, où évolue le gypaète, aux Allues les travaux d’une piste de ski traversant la superbe forêt de pins cembro de plan de Tuédoa, ou à Val d’Isère la suppression pour cause d’aménagement touristique de la réserve de l’Iseran.

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