La pointe de Grave, une halte pour les oiseaux

Située au bout du médoc, la pointe de Grave est la plus importante escale migratoire d’Europe. Près de 200 000 oiseaux migrateurs d’une bonne centaine d’espèces différentes s’y concentrent chaque année.

Les oiseaux quittent leurs quartiers d’hivernage d’Afrique, d’Espagne et parfois de plus loin encore, passent le Détroit de Gibraltar, longent les côtes, franchissent la barrières des Pyrénées et s’apprêtent à rejoindre leurs zones de nidification en France et en Europe du Nord.

Un lieu de passage stratégique

La pointe de Grave, de par sa situation aux limites occidentales de l’Europe, est un lieu de passage et stratégique pour eux. Cette ultime avancée de terre, pointe serrée entre les assauts de l’Atlantique et le puissant estuaire de la Gironde, fournit à ceux qui hésitent à traverser l’estuaire une halte de bienvenue. À proximité de la forêt, elle offre aux oiseaux un terrain de dunes, de canaux et de marais peu peuplés où ils trouvent facilement de quoi se nourrir.

La migration de retour, ou prénuptiale, est celle du printemps qui les fait revenir dans nos contrées tempérées pour se reproduire et profiter de l’abondance de nourritures. La migration de départ est celle qui les mène vers le Sud afin d’échapper au froid hivernal.

Un ballet inouï

Les 5 kilomètres au large de l’estuaire constituent un obstacle qui fait hésiter ces migrateurs, car ce sont en général des oiseaux de terre qui n’aiment guère s’éloigner des côtes. L’idéal pour qu’ils s’élancent est un temps clair, une grande visibilité avec des vents de nord, d’est et de nord-est. Les observateurs savent qu’après plusieurs jours de ciel bouché ou lorsqu’il fait clair avec un vent de nord-est, les conditions sont réunies pour assister à un ballet inouï. Le passage de la migration de printemps se déroule entre mars et juin, avec des phases intenses. Il est arrivé de voir passer 17 000 martinets en une seule journée.

Le caractère exceptionnel sur le plan écologique de la pointe de Grave l’a fait classer site « Natura 2000 ». Natura 2000 est un réseau européen de sites remarquables protégés, dont le but est de promouvoir une gestion adaptée qui respecte aussi les exigences économiques, sociales et culturelles locales et nationales. Ces sites doivent à termes devenir des « zones spéciales de conservation ».

Gérée depuis 1984 par la LPO, la campagne de comptage des oiseaux se déroule au printemps et dure environ 2 mois et demi, ce qui correspond au temps supposé de la migration. Durant cette période, le camp est ouvert aux amateurs et à tous ceux qui souhaitent découvrir ce ballet incessant. On est accueilli par les « spotteurs » du camp, les spécialistes qui effectuent le travail de repérage et de comptage.

Des espèces remarquables

Voici quelques espèces remarquables ou couramment observées à la pointe de Grave.

Le martinet noir

Excellent voilier – son vol est puissant -, le martinet noir se nourri, s’accouple et dort même en vol ! Ses battements d’ailes sont plus rapides que ceux de l’hirondelle.

Sa vitesse peut en effet atteindre 200 km/h. En jouant avec les courants d’air chauds ascendants, il atteint une hauteur de 4 000 m. Le martinet noir a un plumage très sombre et est identifiable grâce à la petite zone blanche qu’il porte sous le menton.

C’est un acrobate que l’on reconnaît en été grâce à son cri strident qu’il émet lorsque, en bande, il déchire le ciel.

La tourterelle des bois ou palombe

La tourterelle des bois est visible en France l'été. En automne, elle repart vers le Sud pour passer l'hiver en Afrique.

La pointe de Grave est le site d’Europe le plus spectaculaire pour l’observer en migration. Chassée, menacée par le braconnage dans le Médoc en mai, c’est une espèce en régression.

L’hirondelle de cheminée


Les mâles arrivent les premiers, suivis à quelques jours des femelles. On reconnaît l’hirondelle de cheminée, ou rustique, à sa queue fourchue élégante et fine, et à son vol en piqué ou plané.
Elle niche sous les toits des maisons dans des nids de boue. Elle se nourrit d’insectes, en vol.

Le guêpier d’Europe

Son plumage multicolore est unique en Europe. Alors que l’espèce est traditionnellement méditerranéenne, on en rencontre un nombre croissant qui forment de petites colonies dans le sud de la Charente-Maritime, en Bretagne, en Picardie et même en Île-de-France.

Éminemment sociable, il vit en famille pratiquement toute sa vie et on a pu observer une « entraide » pour l’élevage des couvées.

Il est friand d’abeilles, bourdons et guêpes, dont le venin ne le gêne pas.

La cigogne blanche


On la rencontre en Alsace, mais c’est assez rare. Elle a même failli totalement disparaître dans les années 1970. On avait alors dénombré 9 couples dans la région. Heureusement, grâce à l’intervention de la ligue de protection des oiseaux, en l’an 2000, ce chiffre était porté à 255.

Quelques dizaines de couples ont élu domicile sur la façade atlantique, en Aquitaine, en Charente-Maritime et en Pays-de-Loire.

Les cigognes aiment surtout les prairies humides et inondables car elles se nourrissent d’amphibiens et de petits rongeurs. Elles construisent des nids faits d’amas de branchages qu’elles accrochent à un toit ou une cheminée. Et comme elles réutilisent plusieurs années de suite leur nid, ce dernier peut atteindre 2 mètres de diamètre et autant de hauteur. Il peut alors peser plusieurs centaines de kilos. Les cigognes d’Europe migrent en Afrique.

Le milan noir


On le croise à la pointe de Grave de mars à fin mai, après une longue migration trans-saharienne.
C’est un rapace maître du vol et des acrobaties aériennes, reconnaissable à ses ailes coudées et à sa queue en V.

C’est un des rares rapaces non menacés actuellement.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *