Ce vaste territoire, situé au cœur de la France, abrite une des plus vastes zones continentales humides d’Europe. Ses vastes paysages romantiques, où l’eau se mêle à la brume, est un immense terrain de jeux pour plus de 200 espèces d’oiseaux.
Situé aux confins du Berry, de la Touraine et du Poitou, le parc naturel régional de la Brenne s’étend sur environ 160 000 ha. Une véritable mosaïque de paysages s’offrent ici au randonneur. À perte de vue, ce sont d’innombrables lacs et étangs où, dès la fin de l’été, flotte une brume laiteuse. En été, le ciel s’y reflète et crée des effets de miroir impressionnants. Entre les joncs et les bruyères de landes frémit toujours l’aile d’un oiseau.
Plus loin, des forêts abritent quantité de mammifères. Cette impressionnante collection de milieux est due à l’alliance d’un contexte géologique et d’activités humaines traditionnelles : ici, les sols hétérogènes et pauvres ne permettent qu’une activité agricole extensive idéale pour entretenir et diversifier l’espace.
Des origines monacales
Commençons par une page d’histoire. Tous ces étangs de la Brenne d’apparence naturelle sont l’œuvre des hommes. Les propriétés des sols de la région, plats et imperméables, favorisent les retenues d’eau. La création des étangs est attribuée aux moines des abbayes de Saint-Cyran et Méobecq au VIIe siècle lais la période de grand défrichage ne débute réellement qu’au XIIe siècle.
À cette époque, les moines, devant l’impossibilité de cultiver le sol car trop humide en hiver et trop sec en été, eurent l’idée de créer des étangs et d’empoissonner les eaux. Ce fut le début de la pisciculture en Brenne. À la fin du XVIIIe siècle, les étangs atteignent une superficie de 6500 à 7500 ha.
Au XIXe siècle, le paludisme faisant des ravages, de nombreux étangs furent asséchés et disparurent. Il faut attendre le XXe siècle pour que les étangs prennent leur aspect actuel et que la pisciculture moderne se développe. La création des étangs, essentiellement privés, se multiplie depuis 1970.
1500 lacs
La Brenne, aussi appelée « pays des mille étangs », en compte en réalité bien davantage. Aujourd’hui, elle comporte environ 2234 étangs, ce qui fait d’elle l’une des plus importantes régions d’étangs de France avec une superficie d’eau de 8300 ha.
Le plus grand est celui de « la Mer Rouge », (161 ha). Sauvage et mystérieuse, elle regroupe des habitats naturels et des espèces menacées de la faune et de la flore sauvages. La plupart des étangs constituent des propriétés privées et ne sons pas accessibles au public. Cependant des espaces protégés ont été aménagés pour la découvert et l’observation des milieux naturels.
De nombreuses espèces protégées
Les étangs de la Brenne constituent un refuge pour les nombreuses espèces animales protégées. Ainsi les oiseaux migrateurs se reposent dans cette région propice à leur survie et peuvent même s’y installer.
Ces dernières années, certains oiseaux, en voie de disparition, ont pu être réimplantés dans la région où ils commencent à prospérer. Milieu humide oblige, cette région attire surtout les oiseaux aquatiques. La Brenne figure au 4 ème rang des « zones humides françaises d’importance internationale » avec plus de 200 espèces d’oiseaux visibles au cours de l’année.
Son intérêt concerne, avant tout, les espèces nicheuses (40) comme le grèbe à cou noir, le grand butor, le blongios nain, le busard des roseaux, la guifette noire, etc. En hivernage, les étangs retiennent régulièrement 12000 canards, 600 grèbes, 3000 foulques, 1500 cormorans, 150 grandes aigrettes, 35000 vanneaux, auxquels viennent s’ajouter quelques garots à œil d’or, harles piette et bièvres, fuligules myroca, pygargues à queue blanche…
En période de migration, on observe de beaux passages de limicoles – chevalier combattant, barge à queue noire – et des grues qui survolent la Brenne par milliers. Des oiseaux terrestres trouvent aussi refuge dans la Brenne. Dans le parc naturel nichent 109 espèces d’oiseaux. Parmi les plus recherchés des ornithologues, citons l’engoulevent d’ Europe, la bondrée apivore, l’aigle botté dans les bois, le courlis cendré. Dans les prairies agricoles vient se poser l’outarde canepetière. La fauvette pitchou et le busard saint-martin peuvent s’observer dans les landes.[toggle]
Écouter le brame du cerf
La Brenne n’est pas uniquement constituée d’étangs mais également de prairies, de bocages , de bois et de forêts. ainsi la forêt de Preuilly au nord-ouest , la forêt de la Luzeraie au sud et la forêt de Lancôme, plus connue, au nord-ouest, sont les trois principales forêts de Brenne qui abritent de nombreux chênes centenaires. De nombreux animaux vivent en liberté. En respectant le milieu naturel, vous pourrez venir écouter le brame en période de reproduction des cervidés.
Une des grandes caractéristiques de la Brenne est la présence de populations très importantes de grands mammifères- cerfs, chevreuils, sangliers. Dans les étangs, on observe un grand nombre de ragondins, rats musqués. Des espèces comme la genette et le loir sur les vallées, le campagnol de gerbe et de bonnes populations de chauve-souris sont aussi observables sur le territoire, en attendant le retour de la loutre…
L’une de ces forêts abrite le plus grand parc zoologique de France. Situé à Obterre, au nord d’Azay-le-Ferron, entre Châtellerault et Châtillon-sur-Indre, le parc animalier de la Haute Touche a pour mission de préserver et de développer les espèces animales les plus menacées. Parcourir les allées de cette forêt de 500 ha à pied ou à vélo permet d’observer plus de 1000 animaux provenant des cinq continents.
Le territoire de la cistude d’Europe
La Brenne est également le paradis et la première réserve de reproduction et de développement de la cistude, petite tortue d’eau douce, dite « cistude d’Europe » ou « tortue de Brenne ». Elle mesure jusqu »à 25 cm de longueur, de couleur foncée avec des taches jaunes. On ne la trouve qu’en Brenne, ainsi qu’en Europe centrale, en Afrique du Nord-Ouest et en Asie mineure.
Des sites et observatoires ont été aménagés en des lieux stratégiques pour observer la faune de la Brenne, s’instruire sur ses modes de vie sans l’effrayer ni la déranger. Parmi les 9 autres espèces présentes, à noter l’abondance de la vipère aspic, des couleuvres à collier, des vipérines, vertes et jaunes, et du lézard vert.
De belles et rares orchidées
Dans les prairies avoisinantes poussent plus de 1200 espèces végétales dont près de 50 variétés d’orchidées. L’une des plus célèbres est l’orchis de la Brenne : rare, elle attend les observateurs patients et chanceux dans le nord de la région où elle fleurit chaque année au mois de juin. La composition du sol donne ici naissance à une flore variée et colorée : iris, nénuphars, isoètes et autres plantes aquatiques.
Dans les landes, on peut observer la conche blanchâtre, l’hélianthème à gouttes ; également l’herbe aux piques ou au pi qui digère les mouches qui l’approchent, ainsi que l’herbe Matago. Roseaux, bruyères et ajoncs ornent les abords des étangs.
Les hommes en harmonie avec la nature
L’élevage, la pisciculture et la chasse sont les principales ressources de la Brenne. Chaque année 1200 tonnes de poissons sont produites : tanches, gardons, brochets, sandres et surtout des carpes destinées à la consommation et dont la majorité est exportée vers l’Allemagne.
Ici, l’élevage et la pisciculture contribuent encore à la richesse écologique. L’élevage bovin extensif en Brenne est une activité essentielle au maintien des espaces ouverts et, donc, au maintien de la diversité biologique qui fait la spécificité de ce territoire.
Afin d’encourager son maintien, le Parc de la Brenne et la Chambre d’agriculture de l’Indre poursuivent un opération locale agri-environnement destinées à favoriser le maintien des prairies naturelles et a adapter les pratiques agricoles pour la conservation des milieux et espèces remarquables.
Les exploitants sont encouragés, par exemple, à « signer » pour des contrats de conservation du biotope « prairie naturelle » et du paysage de Brenne, avec le maintien de la prairie et une gestion adaptée. Ou bien, sur des prairies intéressantes pour la conservation d’une espèce rare ou d’un habitat menacé, ils s’engagent à appliquer un cahier des charges spécifique selon l’intérêt écologique. L’équilibre de cette région, où les humains et les animaux vivent en harmonie, est à ce prix.